J'entends dire de tous côtés que le réveil
religieux a décliné : j'aime à penser, quant à
moi, que ce déclin est plus apparent que réel. Qu'il y ait
moins de ferveur qu'autrefois, moins d'exactitude dans les pratiques, moins
d'entrain dans les oeuvres, moins de fermeté dans la doctrine, je
devraisdire peut-être dans la conception de la doctrine : je l'accorde,
et vous pouvez croire qu'il m'en coûte de l'accorder. Mais "la faim
et la soif de la justice", il n'y en a pas moins, je crois même qu'il
y en a davantage; et c'est là ce qui me rassure, parceque c'est
là le point capital; n'est-il pas ecrit:"Heureux ceux qui ont fain
et soif de justice, car ils seront rassasiés! ".
Il arrive aujourd'hui au réveil ce qui arrive parfois au croyant.
Après les heureuses années du prémier amour, où
la prière &tait fréquente, le travail doux et la vie
facile, le ciel serein et la terre féconde, il survient chez plusieurs
une saison d'obscurité, de langueur, de refroidissement. Déçuedans
plus d'une pieuse attente, rengagée dans plus d'un combat où
elle pensait avoir vaincu pour toujours, instruite par une expérience
amère à se défier d'elle même, troublée,
déconcertée, abattue, l'âme fidèle se prend
à demander si l'Evangile lui a bien tenu tout ce qu'il lui avait
promis. Elle se plaint d'elle même, des autres, que sais-je? de Dieu
et de sa Parole; mais elle se plaint comme Job, sans renoncer à
son espérance; et comme lui aussi, elle recueillera le fruit de
sa Foi. Il se fait ainsi en elle un travail intérieur, douloureux
mais salutaire, daont vous la verrez ressortir, si vous avez la patience
d'attendre, "bénie de Dieu dans sa fin plus qu'elle ne l'avait été
dans son comportement", moins ardente, mais plus sérieuse; moins
assurée, mais plua humble; moins satisfaite, mais plus SANCTIFIEE.