Adolphe Monod

Lendemain du réveil

J'entends dire de tous côtés que le réveil religieux a décliné : j'aime à penser, quant à moi, que ce déclin est plus apparent que réel. Qu'il y ait moins de ferveur qu'autrefois, moins d'exactitude dans les pratiques, moins d'entrain dans les oeuvres, moins de fermeté dans la doctrine, je devraisdire peut-être dans la conception de la doctrine : je l'accorde, et vous pouvez croire qu'il m'en coûte de l'accorder. Mais "la faim et la soif de la justice", il n'y en a pas moins, je crois même qu'il y en a davantage; et c'est là ce qui me rassure, parceque c'est là le point capital; n'est-il pas ecrit:"Heureux ceux qui ont fain et soif de justice, car ils seront rassasiés! ".
Il arrive aujourd'hui au réveil ce qui arrive parfois au croyant. Après les heureuses années du prémier amour, où la prière &tait fréquente, le travail doux et la vie facile, le ciel serein et la terre féconde, il survient chez plusieurs une saison d'obscurité, de langueur, de refroidissement. Déçuedans plus d'une pieuse attente, rengagée dans plus d'un combat où elle pensait avoir vaincu pour toujours, instruite par une expérience amère à se défier d'elle même, troublée, déconcertée, abattue, l'âme fidèle se prend à demander si l'Evangile lui a bien tenu tout ce qu'il lui avait promis. Elle se plaint d'elle même, des autres, que sais-je? de Dieu et de sa Parole; mais elle se plaint comme Job, sans renoncer à son espérance; et comme lui aussi, elle recueillera le fruit de sa Foi. Il se fait ainsi en elle un travail intérieur, douloureux mais salutaire, daont vous la verrez ressortir, si vous avez la patience d'attendre, "bénie de Dieu dans sa fin plus qu'elle ne l'avait été dans son comportement", moins ardente, mais plus sérieuse; moins assurée, mais plua humble; moins satisfaite, mais plus SANCTIFIEE.


Petit rappel sur Adolphe Monod :
Né en 1802.
Il se convertit à Naples alors qu'il était déjà pasteur.
Il fonda une Eglise libre à Lyon, après avoir été destitué par le Consistoire parce qu'il ne voulait pas donner la communion aux inconvertis.
Plus tard il rentra dans l'Eglise officielle comme professeur à Montauban puis comme pasteur à l'Oratoire de Paris.
Il mourut en 1856.


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